Homélies

Homélies

« Vous serez pour Moi saints car קָד֖וֹשׁ Saint Moi Je suis. » (Lév 20, 26)

Plan

A. Commentaire biblique ou homélie des « Tiroirs homilétiques »

1. « Et vous serez pour Moi saints car קָד֖וֹשׁ Saint Moi Je suis. » (Lév 20, 26)

2. Le sacrifice de Jésus nous rend saint. L'époux, un Jésus pour son épouse.

3. Prions pour ceux qui refusent l'amour et le pardon du Christ

4. Pour Saint Paul, qui sont les saints

5. Nous avons mal agi, demandons pardon à Jésus et à nos frères.

6. Le sacrement de la réconciliation

7. Les grâces que reçoivent les prêtres. Les bons pasteurs.

8. L'Eglise orthodoxe et la Toussaint

9. Les dangers de l'idolâtrie, un roman de fiction de 1906, en partie prophétique

10. La prière des saints dans l'Apocalypse

11. Les saints inconnus qui nous côtoient et leur enseignement

12. « Les saints de la porte d'à côté. » Les saints qui donnent leur vie pour guérir et sauver de la mort.

13. Nous les saints, nous sommes appelés à devenir des témoins.

14. Les saints toutes dénominations confondues

15. Les martyrs, témoins du Christ aujourd'hui encore.

16. Travailler à la sainteté dans la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous 

17. La sainteté par les béatitudes

18. La sainteté jusque dans la souffrance et le martyre.

19. Resserrer nos liens avec le Créateur, avec notre Seigneur Jésus, avec le Saint-Esprit.

B. Récit du martyre de Sainte Perpétue et Sainte Félicité

______________________________________________________________________________________


A. Commentaire biblique ou homélie des « Tiroirs homilétiques »

1. « Vous serez pour Moi saints car קָד֖וֹשׁ Saint Moi Je suis. » (Lév 20, 26)

Voyons d'abord les fondements bibliques de cette solennité de Tous les Saints ou fête de la Toussaint. Chacun de nous est appelé à devenir קָד֖וֹשׁ quadosh saint. Voyons comment l'Ecriture en parle comme adjectif : « Vous serez saints pour Moi, car je suis saint, Moi, l'Eternel; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi. » (Lév 20, 26) Tous, nous sommes appelés à devenir des saints. Quand Dieu parle d'un peuple קָד֖וֹשׁ quadosh saint, il veut signifier que ce peuple est mis à part des autres peuples qui commettent des abominations. Ce peuple n'est pas comme les autres peuples livrés à l'idolâtrie et à des passions infâmes et des crimes, ce peuple est mis à part pour Moi. « Vous serez saints pour Moi », (Lév 20, 26) inclut une consécration à Dieu et une détermination à suivre les ordres, les commandements, les statuts et les lois (Gn 26, 5) de celui dont le nom est saint.

Cette citation a été reprise par Saint Pierre : « Mais, puisque celui qui vous a appelés est ἅγιον aguione saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit: Vous serez saints, car je suis saint. » (1 Pi 15-16)

La consonance des originaux bibliques du mot saint, nous fait voyager dans le temps. Oui Seigneur, je peux devenir saint, je peux devenir קָד֖וֹשׁ quadosh(en hébreu) et ἅγιοςaguios(en grec). Tous, nous sommes appelés à devenir des saints.


2. Le sacrifice de Jésus nous rend saint. L'époux, un Jésus pour son épouse.

Voyons comment l'Ecriture parle de קָד֖וֹשׁ quadosh comme substantif, autrement dit, voyons d'abord qui sont les saints en tant que personnes saintes. « Il (Jésus) vous a maintenant réconciliés, par le corps de sa chair, en sa mort, pour vous rendre saints, sans tache, et irrépréhensibles devant lui. » (Col 1, 22) Notre sainteté est rendue possible par la mort de Jésus sur la Croix. Ce sont ses meurtrissures, qui nous sauvent et nous guérissent. C'est l'agonie de Jésus qui fait de nous des hommes et des femmes sans tache et irrépréhensibles. L'offrande de Jésus, l'offrande de sa propre vie peut faire de nous des saints parce que ce sont nos péchés qu'il a portés et dont il a tant souffert, c'est Son sacrifice qui fait de nous des saints. Si nous lui avons demandé pardon pour nos péchés et si nous nous sommes engagés à la suite de Jésus pour vivre dans la sainteté, alors un jour nouveau s'est levé. Nous avons été pardonnés, graciés, libérés, le statut de chrétien, le statut de saint nous est donné. Alors la joie éclate dans le ciel, car comme dit Jésus : « Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. » (Lc 15, 7)

Voyons encore comment l'Ecriture parle de קָד֖וֹשׁ quadosh comme substantif. Qui est « Le Saint » par excellence ? «”יַקְדִּ֣ישֽׁוּ שְׁמִ֑י וְהִקְדִּ֙ישׁוּ֙ אֶת־קְד֣וֹשׁ יַֽעֲקֹ֔ב“ Ils sanctifieront Mon Nom, ils sanctifieront le Saint de Jacob » (Is 29, 23) c'est-à-dire qu'ils considéreront Mon Nom et Ma personne comme mises à part saintes. Saint Paul, avec sa culture juive le comprend fort bien lorsqu'il demande aux époux d'agir comme le Christ, fils de Dieu pour l'Eglise, il associe à la sanctification, les mots « purifié.. lavé... sans tache ni ride... irréprochable » (Eph 5, 25-26) Jésus comme Fils de Dieu a un pouvoir divin. Il nous purifie, nous lave, nous enlève toute tache et toute ride. Il nous voit saints et irréprochables car nous le sommes devenus par le pouvoir de son sang, parce qu'il a pris sur lui toutes nos fautes et tous nos défauts. Ils n'existent plus.

C'est dans cette identité même que les époux pourront s'épanouir. Le jour où ils comprendront que dans le rôle qui leur assigné, ils sont appelés à ne faire aucun reproche à leurs épouses, mais à prendre sur eux, comme l’Ecriture le leur demande, tout ce qui pourrait leur déplaire chez leur épouse, le porter dans leur prière et déjà pardonner toute imperfection et laver toute tache. Seul un homme qui accomplit sa vraie tâche d'homme masculin devient alors κεφαλὴ τῆς γυναικὸς la tête de la femme ou le chef de la femme, (Eph 5, 23) non pas un tyran, mais un serviteur qui regarde sa famille pour pourvoir aux besoins de tous et qui se sert en dernier. L'époux et le père élève les siens à la sainteté, il les élève, c’est-à-dire il les fait accéder à un haut niveau de valeurs par sa propre sainteté. Que les époux  n’oublient jamais qu'ils sont appelés à prendre soin de leur épouse comme s'il s'agissait de leur propre corps. (cf Eph 5, 28a) « Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. » (Eph 5, 28b) L'époux qui a compris cet enseignement et tente de le vivre s'épanouit. Il prend en compte ce que Dieu, dans Sa sagesse, a voulu pour l'identité masculine.

Le terreau délétère d'hommes égoïstes qui n'ont pas aimé Dieu ni pratiqué ce que Dieu demandait d'eux en tant qu'homme, a donné naissance à des courants qui se sont naturellement opposés à la doctrine chrétienne. Que l'être humain masculin demande pardon pour ses égarements. Il est la cause de biens des drames familiaux. Les vrais époux, dignes de ce nom, et désirant revêtir leur identité masculine de serviteurs deviennent d'excellents pères qui engendrent une société saine. Prions pour que se lève une nouvelle génération d’époux saints. Ils deviendront des pères bons et miséricordieux comme Jésus l’est pour eux.


3. Prions pour ceux qui refusent l'amour et le pardon du Christ

Prions pour ceux qui se croient justes, qui ne voient ni leur impureté, ni leur faute. Ceux-là croient ne pas avoir besoin du pardon et de la miséricorde de Jésus. ne veulent devenir ni saints ni chrétiens. Car justement Saint Paul nous éclaire à leur sujet : « Quoi donc! sommes-nous plus excellents? Nullement. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit : Il n'y a point de juste, Pas même un seul, Nul n'est intelligent, Nul ne cherche Dieu; Tous sont égarés, tous sont pervertis; Il n'en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul.»(Rom 3, 9-12) L'apôtre Paul n'a pas peur des redondances textuelles. Non ce n'est pas un hasard, si Saint Paul croit bon de renchérir. Par deux fois il dit clairement : « Pas même un seul » ce qui sous-entend : « Pas même un seul juste ». Jésus seul est vraiment juste. Jésus est le seul juste. Nous ne pouvons devenir justes et saints que par Son sacrifice et par notre repentance.


4. Pour Saint Paul, qui sont les saints

Ecoutons Saint Paul et quelques passages de l'épître aux Romains:

« Celui qui sonde les coeurs connaît la pensée de l'Esprit, parce que c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints.» (Rm8, 27)

« Pourvoyez aux besoins des saints. » (Rm 12, 13)

« Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa soeur, et Olympe, et tous les saints qui sont avec eux. » (Rm 16, 15)

Nous voyons que pour l'auteur de la lettre aux Romains, les saints sont les membres de l'Assemblée, les chrétiens, ceux qui font partie de l'Eglise du Christ. Or les églises sont déjà nombreuses au moment où Saint Paul écrit sa lettre, il est alors question des saints de tel ou tel lieu. « Car la Macédoine et l'Achaïe ont bien voulu s'imposer une contribution en faveur des pauvres parmi les saints de Jérusalem. » (Rm 15, 26)

Les assemblées du temps de Saint Paul comme les nôtres aujourd'hui sont donc constituées par des saints. Les églises, nos paroisses intègrent des personnes en recherche ou qui découvrent ce qu'est le christianisme pour devenir à leur tour des saints.


5. Nous avons mal agi, demandons pardon à Jésus et à nos frères.

Chers Frères et soeurs, Jésus fait de nous des saints. N'ayons donc pas peur de lui demander pardon pour nos fautes. Il est clément et miséricordieux.

Dieu veut que nous ayons besoin les uns des autres. Dieu veut même que nous confessions nos péchés les uns aux autres. Ecoutons Saint Jacques : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficace. Elie était un homme de la même nature que nous: il pria avec instance pour qu'il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. » (Jac 5, 16-17)

Abandonnons notre fierté. Confessons donc nos péchés les uns aux autres, et prions les uns pour les autres... nous verrons des guérisons sans nombre.

Cela signifie que si j'ai trompé, mon frère, je vienne jusqu'à lui pour lui demander pardon et bien sûr, en entente avec mon frère que j'ai lésé, que je tente de réparer ma faute d'une manière ou d'une autre. De la même façon si je lui ai menti, avouer et demander pardon est préférable que de continuer de le laisser croire à des propos exagérés ou mensongers. Par exemple si j'ose lui avouer que j'avais honte de lui dire la vérité, mais que désormais, je ferai tout pour entrer dans un chemin de droiture, je me sentirai allégé d'un poids et en paix avec moi-même.

En confessant mon péché à Dieu, je deviens juste et saint à Ses yeux. il me pardonnera et me donnera la force de ne plus succomber à la tentation, de ne plus tomber dans les mêmes travers.

Je puis aussi être libéré de toutes sortes d'addictions et même de péchés tenaces. Avouer sa faute, libère. « Tous, dans nos rapports mutuels, revêtons-nous d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. » (1 Pi 5, 5) Nous pouvons trouver des frères qui peuvent nous aider. N'oublions pas que c'est la vocation des prêtres ou des pasteurs de veiller sur leurs brebis. Prenons rendez-vous avec eux. Nous sommes peut-être nous-mêmes appelés à aider certaines personnes, à notre tour.


6. Le sacrement de la réconciliation

L'Eglise catholique a institué un sacrement pour faciliter notre repentance. Les prêtres ont été formés pour cela, ayons confiance en eux. N'ayons pas peur de recourir au sacrement de la Réconciliation. Rappelons-nous le Saint curé d'Ars qui fut un vrai homme de Dieu. Dieu devait sans doute lui parler comme il parlait à Moïse. Le Saint curé d'Ars, était comme David, il demandait à Dieu tout ce qu'il devait faire. Il prenait sans cesse conseil auprès de Dieu «L'homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu, » disait-il. Ce fut un saint prêtre, qui avait un grand amour pour les pécheurs, qui avait certainement des paroles de connaissance ou des paroles de sagesse, des paroles prophétiques pour ceux qui venaient à lui et un don de guérison dont il avait peur qu'elle enflamma encore plus sa renommée, c'est pourquoi, il tentait de dire que c'était l'intercession de Sainte Philomène auprès de Jésus qui avait déclenché la miséricorde de Jésus pour guérir. Nous ne savons pas vraiment pour quelles raisons les gens se pressaient pour lui parler. L'engouement qu'il a provoqué fut tel qu'il se voyait contraint de passer parfois jusqu'à dix-sept heures par jour dans le confessionnal, tant la foule des pèlerins se pressaient pour le sacrement de la Réconciliation, pour confesser leurs péchés à Dieu devant le Saint curé d'Ars.


7. Les grâces que reçoivent les prêtres. Les bons pasteurs.

Aujourd'hui comme hier, les prêtres reçoivent des grâces pour nous confesser et nous bénir, leurs paroles sont inspirées pour nous réconforter et nous donner de ne plus retomber dans les mêmes péchés. « Sacerdos alter Christus », « Le Prêtre est un autre Christ ». « En effet, tout souverain sacrificateur (prêtre) pris du milieu des hommes est établi pour les hommes dans le service de Dieu. » (Héb 5, 1) Il n'est pas seulement un délégué du Christ, il est davantage que cela, car le Christ opère réellement par son ministère, « qu'on nous regarde comme des serviteurs du Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu » (1 Co 4, 1), dit Saint Paul. Les prêtres sont des exemples du Christ sur la terre. Ecoutons comment l'a compris Saint Alphonse de Liguori : « Les bonnes mœurs et le salut des peuples dépendent des bons pasteurs. Si à la tête d'une paroisse il y a un bon curé, on y verra bientôt la dévotion fleurir, les sacrements fréquentés, l'oraison mentale en honneur. D'où le proverbe : “Tel pasteur telle paroisse”, suivant ce mot de l'Ecclésiastique (10, 2), “Tel est le chef de la cité, tels sont les habitants en elle” ».


8. L'Eglise orthodoxe et la Toussaint

Les églises orthodoxes et catholiques possèdent une solennité, la fête de Tous les Saints. Pour les orthodoxes, cette solennité a lieu le dimanche qui suit la Pentecôte, pour les catholiques, le 1ier novembre. Certaines églises luthériennes font aussi mémoire des martyrs chrétiens. Elles célèbrent également cette fête de Tous les Saints connus ou inconnus.


9. Les dangers de l'idolâtrie, un roman de fiction de 1906, en partie prophétique

Il y a une chose pour laquelle tous les saints nous mettent en garde : tomber dans le piège de l'idolâtrie, le piège de substituer à Dieu l'homme. Quand l'homme devient son propre critère, nous nous dirigeons vers le relativisme. Cela conduit à des déviances, des errances graves. Cela conduit à désirer l'euthanasie et à pratiquer l'avortement, à se tourner vers les sciences occultes et toutes sortes de pratiques que les Ecritures réprouvent.

Ecoutons les paroles d'un roman de fiction écrit en 1906 et qui avait prévu un certain nombre de ces déviances, dont l'euthanasie, déviances qui trouvent leur origine dans la déification de l'homme : « L'hymne ... avait une allure religieuse... et pourtant... sa signification était assez claire : c'était la substitution de l'homme à Dieu comme objet de culte. L'auteur y avait introduit jusqu'à des paroles du Christ, disant, par exemple que le Royaume de Dieu résidait dans le coeur de l'homme et que la plus grande de toutes les grâces était la charité. » (BΕΝSON ROBERT-HUGH, Le Maître de la terre, La crise des derniers temps, traduit de l'anglais avec l'autorisation de l'auteur par T. de Wyzewa, Editeur, Pierre Téqui, 8 rue de Mézières, 75006 Paris, 1906, 2015, 2019, p. 79)

Ecoutons ce que le pape François écrit au sujet de ce roman : « Le Maître de la Terre est une de mes lectures préférées. En le lisant, vous comprendrez le drame de la colonisation idéologique. »


Aujourd'hui, en France, pour ne prendre que l'exemple de l'avortement, nous atteignons une moyenne de 604 avortements par jour. Sur 100 naissances, il y a 27 avortements. (information consultée sur le net, le 21 octobre 2020. http://www.nombre-avortement.fr Nous avons contrôlé ces chiffres avec ceux d'autres sites, les différences sont minimes. D'autres sites comptent 597 ou 598 avortements en 2019)


10. La prière des saints dans l'Apocalypse

Il est intéressant de lire dans l'Apocalypse l'importance de la prière des saints. « Un autre ange vint. Il se plaça vers l'autel, tenant un encensoir d'or. On lui donna beaucoup de parfums afin qu'il les offre, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône. La fumée des parfums monta de la main de l'ange devant Dieu avec les prières des saints. »(Ap 8, 3-4)

Dans ce commentaire des Ecritures, nous avons touché du doigt les écrits des saints bibliques. Saint Pierre, Saint Paul, Saint Jacques, Saint Jean qui a écrit l'apocalypse, voilà pour les saints bibliques. Lisons-les.

Nous avons touché du doigt les écrits des saints non bibliques, le Saint curé d'Ars, Saint Alphonse de Liguori. Il y a tant d'autres saints dont la lecture nous fera du bien, Saint François d'Assise ou Saint François de Sales, Sainte Catherine de Sienne...


11. Les saints inconnus qui nous côtoient et leur enseignement

Parfois ce sont des auteurs inconnus qui sont des saints. Vérifions s'ils ne disent rien qui soit contraire aux Ecritures. Lisons-les aussi. Certains laïcs sont aussi inspirés par Dieu pour nous exhorter et nous édifier. Nous venons de lire un recueil de poèmes. Chaque page manifeste la magnificence du coin de pays que nous habitons. Certaines ont des allures de psaumes. Il y a dans ce livre, écrit par un protestant, une louange à Dieu et en même temps un encouragement pour que nous prenions le temps de marcher dans la nature et d'y contempler la création. Sa description des arbres, des insectes et des fleurs, des montagnes et des vallons sont une invitation à rencontrer le Seigneur. Notre Dieu nous aime, Il se plaît à nous parler dans un petit bosquet, comme dans le secret de notre chambre. « Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là, dans cet endroit secret; et ton Père, qui voit ce que tu fais en secret, te récompensera. » (Mt 6, 6) La nature peut aussi être ce lieu secret où nous parlons au Créateur. Nos rencontres avec elle nous conduisent à Lui. Elle nous enjoint de nous approcher de notre Seigneur. Alors nous prions et nous adorons notre Dieu.

Comment ne pas dire merci à ce chrétien. Il prend le temps de contempler la beauté luxuriante de la Création. En quelques années, à raison d'un mois par année, il a parcouru toute la Norvège dans le sens de la longueur, à pied. Lui aussi, comme les prêtres et les pasteurs se pose malgré lui comme un modèle. Ce qu'il a déposé sur le papier tramé de son ouvrage est une invitation... pour que ne se passe pas une journée sans que nous nous adonnions à la contemplation et à l'adoration de notre Seigneur !

Cet auteur nous apprend à considérer avec un regard neuf ce que Dieu crée pour nous ! Ses pages nous invitent encore à la promenade à la marche. «On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bon; Et ce que l'Eternel demande de toi : pratiquer la justice, et aimer la bonté et être humble, marcher avec ton Dieu.» (Mich 6, 8) Enfin les pages de ce saint, nous invitent aussi à l'acte d'écriture. Déposons, nous aussi, quelques poèmes dans notre offrande pour le Christ. Osons et bénissons Dieu. « De belles paroles agitent mon cœur, je vais réciter un poème pour le roi. Que ma bouche soit comme la plume d'un bon écrivain ! » (Ps 45, 2)


Même si nous n'avions pas le temps de nous promener dans une forêt aujourd'hui, nous pourrons simplement nous arrêter quelques secondes pour contempler notre assiette. Nous pourrons bénir Dieu pour la beauté des légumes et des céréales. Nous pourrons bénir tous les hommes et toutes les femmes qui ont travaillé et qui ont permis à cette nourriture de venir jusqu'à nous, à commencer par les maraîchers et les transporteurs pour finir avec les vendeurs et la cuisinière... Et quand viendra le moment tant attendu du dessert, nous rendrons grâce pour la couleur des fruits, pour le goût exquis de ce qui a été confectionné pour nous. Tous ont donné de leur sueur et de leur amour pour nous combler en cet instant. Dieu va réjouir nos papilles gustatives. Bénissons-Le et rendons-Lui grâce pour le privilège de pouvoir nous sustenter.

Rendre grâce à Dieu, c'est rejoindre l'action des anges et des saints, les saints d'aujourd'hui sur cette terre, comme les saints du ciel qui nous y précèdent, car Jésus nous l'a bien expliqué. « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.» (Jn11,25-26)


12. « Les saints de la porte d'à côté. » Les saints qui donnent leur vie pour guérir et sauver de la mort.

Le pape François a une expression très belle pour parler des saints inconnus, ce sont les saints de la porte d'à côté. « Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. L'Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le saint peuple fidèle de Dieu, car « le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. » (Pape François, Exhortation apostolique, Gaudete et exsultate du Saint Père François sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, http://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20180319_gaudete-et-exsultate.html, Cité du Vatican, Rome 2018, no 6)

Pour le pape François, « les saints de la porte d'à côté », ce sont tous ceux qui sans ménager leur peine se donnent de toute leur force pour soulager les souffrances et guérir les malades. « Les médecins, les infirmiers et infirmières, les prêtres qui assistent les malades du coronavirus et qui souvent donnent leur vie pour les sauver. Eux aussi, ce sont des saints. »


13. Nous les saints, nous sommes appelés à devenir des témoins.

« Mais vous recevrez une δύναμιν dunamine puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes μάρτυρες marturésse témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 8) Il y a deux mots que nous aimerions souligner ici, le mot δύναμις dunamis puissance et le mot μάρτυς martus témoin. Ce mot grec μάρτυς martus peut avoir trois sens. Nous pouvons être un témoin légal dans une affaire de justice, témoin d'un événement historique comme l'a été Marie qui a vu son fils Jésus mourir et nous pouvons être témoin ou martyr comme l'ont été des milliers de chrétiens. « Ils l'ont vaincu (l'ennemi de nos âmes et celui qui se plaît à nous accuser) à cause du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort. » (Ap 12, 11) Parce qu'ils ne voulaient pas renoncer à leur foi en Jésus, des tyrans les ont mis à mort. Ils sont devenus μάρτυς martus témoins ou martyrs jusqu'à la torture et aux supplices du martyre.

Revenons à cette parole de l'Ecriture, qu'elle résonne une deuxième fois en nous : « Mais vous recevrez une δύναμιν dunamine puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes μάρτυρες marturésse témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 8)

N'ayons pas peur de recevoir cette puissance pour porter plus de fruits encore et soyons témoins de Jésus. Augmente, Seigneur notre amour pour Toi afin que nous devenions de vrais témoins, c'est-à-dire au point que Tu nous donnes le courage de notre foi jusqu'au martyre.


14. Les saints toutes dénominations confondues

N'oublions pas non plus les saints canonisés dont beaucoup sont morts martyrisés pour Jésus. L'Eglise catholique a enquêté pour être certaine que ces hommes et ces femmes ont eu un parcours de foi exemplaire et qu'un miracle a pu être reconnu par leur intercession auprès du Christ. Cependant beaucoup de saints non canonisés sont néanmoins des saints. Nous n'oublions pas un Professeur de théologie de l'Université de Fribourg, un Dominicain qui se plaisait à expliquer qu'il connaissait des martyrs protestants, des saints. Ils avaient eu cette foi exemplaire et étaient déjà nés au ciel avec notre Seigneur Jésus. Lui-même ignorait s'il allait avoir le courage du martyre, mais il demandait au Seigneur cette grâce. Il demandait à Jésus ce courage de la foi.


15. Les martyrs, témoins du Christ aujourd'hui encore.

Voici un article expliquant comment un prêtre est mort martyr, témoin du Christ, il y a quelques jours.

«C'est choqués et avec une immense tristesse que nous avons appris mercredi 21 octobre le meurtre du Père José Manuel, prêtre de 39 ans du diocèse de San Carlos de Cojedes (Venezuela). D'après nos sources, il aurait été assassiné à bout portant, à l'issue de la messe,par une personne à qui il cherchait à venir en aide.

Mgr Polito Rodríguez Méndez, L'évêque de San Carlos de Venezuela, précise : « Le prêtre, au moment de saluer ce petit groupe de personnes, a vu une femme qui venait d'être victime d'un vol à la tire. Alors qu'il lui venait en aide, il a été victime d'un tir d'arme de poing. Jusqu'au dernier moment, le Père José Manuel [de Jesus Ferreira] a fait le bien ». Bien qu'il ait été transporté à l'hôpital de San Carlos, le prêtre y est mort peu après. Les obsèques ont été célébrées hier dans la Paroisse dont il avait la responsabilité.

Le Père José Manuel de Jesus Ferreira est né à Caracas (Venezuela) le 25 novembre 1980, d'un couple d'immigrés portugais. Il est entré dans la Congrégation des Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus en 2000. Il a été ordonné prêtre le 19 décembre 2009. Actuellement, il était Curé du Sanctuaire eucharistique diocésain Saint Jean Baptiste remontant à l'époque coloniale dont il avait débuté la restauration, promouvant également différentes activités à caractère social en faveur des plus défavorisés. Entre autres missions, il était responsable de la Pastorale missionnaire du Diocèse de San Carlos. Ceux qui l'ont connu se souviennent de son esprit charismatique et dynamique, toujours intéressé à développer des activités innovantes. D'un caractère affable et tranquille, il était toujours disponible pour aider ses frères.

Partenaire de l'AED, ce jeune prêtre missionnaire nous avait tout particulièrement marqués par sa dévotion et son grand amour pour le Christ... Actuellement deux cents millions de chrétiens dans le monde ne peuvent vivre leur foi librement. » (Document présent sur le web le 26 octobre 2020, avec le lien URL : https://www.aed-france.org/venezuela-un-pretre-partenaire-de-laed-assassine/)


Voici un autre article expliquant comment un pasteur est mort martyr, témoin du Christ, en 2015.

« Le 8 septembre 2015, un pasteur protestant, Singkeaw Wongkonpheng, du district de Chompet, dans la province de Luang Prabang, dans le nord du Laos, a été poignardé à mort par plusieurs hommes entrés par effraction dans sa maison. Selon un rapport de Human Rights Watch for Lao Religious Freedom (HRWLRF), des villageois soupçonnent que les assaillants voulaient enlever le pasteur et sa femme en raison de leurs activités prosélytes car un des agresseurs, blessé puis hospitalisé, « pourrait être un agent de police ». Le pasteur a été tué au cours de la tentative d'enlèvement (Document présent sur le web le 26 octobre 2020, avec le lien URL : https://liberterel.aed-france.org/laos/ ou pour un article plus détaillé : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/laos/2015-09-24-meurtre-d2019un-pasteur-protestant-dans-la-province-de-luang-prabang).


Comment des hommes de Dieu catholiques et protestants sont devenus martyrs, témoins du Christ, au Burkina Faso en 2019.

« ... le 28 avril 2019, le pasteur protestant Pierre Ouedraogo, ses deux fils et trois autres fidèles ont été tués lors de l'attaque de l'église de Silgadji, à 60 kilomètres de Djibo, également dans le nord du pays.

En plus du père Siméon Yampa, prêtre catholique qui a perdu la vie à Dablo, et du pasteur de Silgadji, un missionnaire salésien espagnol, le père César Fernández, a été assassiné le 15 février lors de l'attaque d'un poste de douane dans le sud de pays, près de la frontière avec le Togo. Et depuis le 17 mars, on ne sait plus où se trouve le père Joël Yougbare, un prêtre catholique enlevé à la frontière malienne.

La fondation AED a par ailleurs dénoncé des menaces subies dans diverses régions du pays, qui ont contraint à annuler des messes dominicales, et ont même obligé des congrégations religieuses à quitter leurs couvents. « Les groupes djihadistes traversent les villages en menaçant les populations locales pour qu'elles se convertissent à l'Islam. Ils interdisent tout rassemblement chrétien, ferment les lieux de culte ainsi que les écoles et dispensaires », explique Rafael d'Aqui. » (Document présent sur le web le 26 octobre 2020, avec le lien URL : https://www.aed-france.org/burkina-faso-massacre-lors-dune-messe-dominicale/).


16. Travailler à la sainteté dans la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous

Etre saint, n'est-ce pas aussi persévérer et travailler à devenir toujours plus saint dans le chemin spécifique que le Seigneur veut pour nous. « Chacun dans sa route » dit le Concile (Vatican II). Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c'est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu'il ne s'épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n'a pas été pensé pour lui. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage[. De fait, quand le grand mystique saint Jean de la Croix écrivait son Cantique spirituel, il préférait éviter des règles fixes pour tout le monde et il expliquait que ses vers étaient écrits pour que chacun en tire profit à sa manière. En effet, la vie divine se communique aux uns « d'une manière [et aux] autres d'une autre ». (Pape François, Exhortation apostolique, Gaudete et exsultate du Saint Père François sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, http://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20180319_gaudete-et-exsultate.html, Cité du Vatican, Rome 2018, no 11)


La sainteté est faite de petits pas. « Cette sainteté à laquelle le Seigneur t'appelle grandira par de petits gestes. Par exemple : une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». Voilà un pas dans la sainteté ! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu'elle soit fatiguée, elle s'assoit à côté de lui et l'écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie ! » (Pape François, Exhortation apostolique, Gaudete et exsultate du Saint Père François sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel, Cité du Vatican, Rome 2018, no 16)


17. La sainteté par les béatitudes

Vivre les béatitudes, voilà la sainteté.

« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux les affligés, car ils seront consolés.

Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. » (Mt 5, 3-12)


18. La sainteté jusque dans la souffrance et le martyre.

« Mais toi, sois sobre en toutes choses, supporte les souffrances, fais l'oeuvre d'un évangéliste, remplis bien ton ministère. » (2 Tim 4, 5)

« N'aie donc point honte du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. Mais souffre avec moi pour l'Evangile, par la puissance de Dieu, qui nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ, » (2 Tim 1, 8-9)

« Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ. » (2 Tim 2, 3)

« Mais si quelqu'un souffre comme chrétien, qu'il n'en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. » (1 Pi 4, 16)

« Ainsi je connaîtrai Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d'entre les morts. Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l'avoir saisi; mais je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. (Phil 3, 10-14)

« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Eglise. » (Col 1, 24)

Viens à notre aide Seigneur, que revienne le temps du silence du corps, le temps où les douleurs cessent. Soulage-nous Seigneur et guéris-nous.


19. Resserrer nos liens avec le Créateur, avec notre Seigneur Jésus, avec le Saint-Esprit.

« Et vous serez pour Moi saints car קָד֖וֹשׁ Saint Moi Je suis. » (Lév 20, 26) Nous voulons être saints pour Toi Seigneur, pour réjouir Ton coeur.

« Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? » (1 Cor 6, 2) « Les saints du Très-Haut recevront le royaume, et ils posséderont le royaume éternellement, d'éternité en éternité. » (Dan 7, 18)

Le programme quotidien pour les saints, pour nous qui avons été mis à part, sanctifiés pour honorer notre Seigneur et accomplir sur terre les actions du Christ, nous le trouvons dans les paroles de Jésus : « Moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. » (Jn 15, 16-17)


Prière :

Père, je Te demande ... dans le nom de Jésus. Merci de me le donner. (selon Jn 15, 16-17)

______________________________________________________________________________________


B. Récit du martyre de Sainte Perpétue et Sainte Félicité

1. Avant de vous raconter l'histoire de Perpétue et Félicité, nous aimerions préciser quelques éléments important pour la bonne compréhension de ce récit. Les Romains, en certaines circonstances, suivant les empereurs, les proconsuls nommés, pouvaient être amenés à persécuter d'une manière ou d'une autre les personnes qui ne se soumettaient pas aux lois romaines ou aux rites romains. Parfois ils pouvaient obliger la population à offrir un sacrifice en l'honneur d'un Dieu romain ou de l'empereur. Celui qui obéissait à ce rite était sauf. Celui qui refusait pouvait être condamné à mort, livré aux bêtes dans l'amphithéâtre de la cité.


2. Des hommes et des femmes bouillants pour le Christ n'ont pas hésité un seul instant à témoigner de leur foi en Jésus dans tous les lieux où ils se rendaient. Ils étaient convaincus aussi par les paroles même de Jésus. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. (Mt 10, 27-29)


3. Les Paroles de Jésus sont dans la ligne de l'Ancien Testament. Ecoutons ce que dit un psaume à propos de l'horreur de l'idolâtrie : « Ils servirent leurs idoles, Qui furent pour eux un piège; Ils sacrifièrent leurs fils Et leurs filles aux idoles, Ils répandirent le sang innocent, Le sang de leurs fils et de leurs filles, Qu'ils sacrifièrent aux idoles de Canaan, Et le pays fut profané par des meurtres. (Ps 106, 36-38)


4. Voici donc le témoignage du martyr de Sainte Perpétue et Sainte Félicité, elles aussi, ont refusé l'idolâtrie, elles aussi n'ont pas voulu craindre « ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme ». (Mt 10, 28) Elles ont préféré la vie avec Dieu pour l'Eternité. Nous avons résumé en quelques pages un ouvrage qui traite de leur passion. (Passion de Perpétue et de Félicité suivi des Actes, Introduction, texte critique, traduction, commentaire et index par Jacqueline Amat, Sources chrétiennes no 417, Les éditions du Cerf, Paris, 1996.)

Un des documents martyrologiques et hagiographiques (ἅγιος aguios en grec saint) parmi les plus lus, demeure la Passion de Perpétue et Félicité écrit au IIIe siècle de notre ère. Il a un poids historique, mais cela ne signifie pas qu'il y ait pas, dans ce récit ancien, des amplifications, des enjolivements ou des ajouts. Il existe aussi d'autres recueils plutôt légendaires. Ce récit n'en fait pas partie.


5. Divers hypothèses sont émises quand à savoir qui est l'auteur. Le 7 mars a été retenu comme dies natalis, c'est-à-dire le jour d'anniversaire de la naissance au ciel de Sainte Perpétue et Sainte Félicité ou le jour de naissance à la vraie vie. (Passion de Perpétue et de Félicité suivi des Actes, SC no 417, pages 19-20.) « Dans les derniers jours, dit le Seigneur, je répandrai de mon Esprit sur toute chair et leurs fils et leurs filles prophétiseront, et sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit, et les jeunes gens verront des visions, et les vieillards auront des songes." (Act. 2, 17 et Joël 2, 28) Ces textes bibliques montrent que la puissance de l'Esprit-Saint n'a jamais cessé et que des prophéties et des visions nouvelles continuent d'avoir lieu.


6. Voici donc le récit résumé de Perpétue et Félicité. Toutes les deux sont nées au ciel dans l'amphithéâtre de Carthage en Tunisie le 7 mars 203.

Perpétue était âgée de vingt-deux ans et avait un fils en bas âge encore au sein. Elle a fait elle-même, le récit de son martyre qu'elle a rédigé de sa main et à sa propre idée.

Perpétue se voit persécutée avec violence par son propre père. De plus les conditions d'emprisonnement sont tellement difficiles à supporter et son éloignement de l'enfant qu'elle allaite lui sont un vrai supplice. Elle obtient grâce au responsable de la prison, un lieu moins rude où elle pourra nourrir son enfant déjà à demi-mort.


7. Le frère de Perpétue suggère à sa soeur de demander au Seigneur une vision pour connaître l'issue de sa vie. La vision lui confirme que le chemin de la Passion sera semé d'embûches. Pour triompher, il faut monter une échelle d'airain avec beaucoup de précautions tout en regardant en haut, vers le Seigneur. Un serpent d'une taille énorme s'y oppose, il tend des pièges à ceux qui veulent gravir l'échelle pour les en empêcher. Perpétue réussit à lui écraser la tête d'un coup de talon puis parvient dans un immense jardin. La vision béatifique survient, un personnage semble être Jésus, c'est un berger qui trait les brebis. Il lui souhaite la bienvenue et lui donne une bouchée de fromage qu'elle reçoit les mains jointes. Autour de lui des milliers se tiennent tous vêtus de blanc. Tous les assistants disent "Amen" et Perpétue se réveille en savourant une douceur sans pareille. Perpétue par ce songe est persuadée que le Seigneur lui a communiqué qu'elle doit subir le martyr. Elle communique son rêve à son frère et l'informe de son martyr imminent.


8. Le Père de Perpétue est effondré. Il pleure et se lamente supplie sa fille de renoncer à ce martyr, sans succès. Perpétue s'en remet à la volonté de Dieu.

La scène se situe au forum devant une immense foule. Hilarianus, le procurateur demande à Perpétue de sacrifier pour le salut des empereurs. En même temps une scène pathétique où le père supplie sa fille pour l'amour du petit garçon, petit garçon qu'elle allaite encore, d'accepter la demande du procurateur. Perpétue refuse. Le responsable romain lui demande si elle est chrétienne. Perpétue acquiesce. Il la condamne aux bêtes. Perpétue et ses compagnons en sont ravis.


9. Tandis que Perpétue prie, une intuition survient, elle se sent poussée de prier pour Dinocrate, son petit frère décédé à l'âge de sept ans. La nuit suivante, il lui est révélé dans un songe que son frère souffre. Elle va donc prier nuit et jour pour que sa prière d'intercession soit exaucée.

Perpétue reçoit une vision dans laquelle son frère Dinocrate est le principal acteur. Le bonheur de voir son frère jouir de la paix et du bonheur lui permet d'être sûr que sa prière a été exaucée.


10. Un sous-officier romain, Pudens est touché par les futurs martyrs. Il leur accorde la possibilité de recevoir des visites. Le Père de Perpétue tente une dernière fois de convaincre sa fille. La désolation du Père est telle que Perpétue en est émue.

Perpétue décrit elle-même de sa propre plume, son ultime vision le jour précédent son combat dans l'arène. Elle pourra y découvrir quelle sera l'issue de la bataille. Sa vision décrit un engagement au corps à corps non contre les bêtes, mais contre un combattant, un Egyptien. Elle se transforme en athlète, devient un homme, une force surnaturelle s'empare d'elle et la voici qui triomphe. Un laniste géant (un maître des gladiateurs) la récompense et elle entre dans la gloire par la porte de la Vie. Elle se réveille et comprend que le combat qu'elle devra livrer le lendemain, est un combat contre Satan dont elle sortira victorieuse.


11. Saturus va lui aussi recevoir une vision avant le jour de son départ terrestre, la voici également rédigée par lui-même. Sa vision lui montre ce qu'il adviendra de lui, de Perpétue et des autres martyrs morts brûlés vifs ou en prison, une fois que son séjour terrestre aura pris fin. Des anges transportent son corps comme en apesanteur et sans le toucher. Bientôt ce qu'il voit est si beau et si merveilleux que même les feuilles des cyprès chantent. Il rencontre d'autres martyrs. Les anges qui les accompagnent les pressent de venir saluer le Seigneur.


12. Il parvient à la vision béatifique, les murs sont de lumière et un choeur chante ad aeternum "Sanctus, sanctus, sanctus..." et Celui qui a des cheveux blancs tout en ayant un visage de jeune homme se trouve sur un trône. Les martyrs s'approchent et l'embrassent. Ils reçoivent une caresse sur leur visage. Avec les vieillards ils se donnent la paix puis partent s'amuser. Perpétue dit à Saturus qu'elle était dans la joie sur la terre mais qu'elle l'est plus encore à présent.


13. L'évêque Otpat et le prêtre et Docteur Aspasius se trouvent devant la porte du même lieu. Ils ont besoin de se pardonner. Les anges les exhortent. Les martyrs s'aperçoivent bientôt qu'avec eux se trouvent encore beaucoup d'autres compagnons ayant subi le même sort. Ils sont comme dans un lieu particulier que leur a conféré le don de leur vie. Un parfum s'en exhale, tellement ineffable qu'il suffit à tous les rassasier.


14. Félicité par une grâce particulière et la prière des futurs martyrs pourra accoucher d'une petite fille deux jours avant les jeux (le spectacle de la mort des martyrs sous les dents des fauves ou sous le glaive des gladiateurs). Cette naissance lui permettra de souffrir le martyre comme sa maîtresse Perpétue, car les Romains n'autorisaient pas la mort de parturientes. Quant à sa petite fille, c'est la soeur de Félicité qui l'éduquera comme si elle avait été son propre enfant.


15. L'écrivain qui poursuit est un témoin des jeux donnés à l'occasion de l'anniversaire de César. Il faisait partie peut-être partie des visiteurs qui purent rencontrer Perpétue et ses compagnons dans la prison les semaines qui précédèrent son départ vers le ciel. Il écrit que Perpétue put obtenir du tribun de meilleurs traitements et un droit d'être visitée. Quant au sous-officier de la prison, il a déjà la foi.


16. Tandis que pour la plupart des prisonniers le dernier repas pris la veille des jeux, considéré comme libre, attirait lui aussi une foule nombreuse de spectateurs. (Ils y contemplaient là comment des hommes et des femmes condamnés à mort pouvaient à loisirs consommer les derniers plaisirs de l'existence). Or lorsqu'une espérance ferme attend l'être humain, lorsque l'amour fraternel s'empare du coeur des chrétiens, lorsque les repas de débauche sont transformés en agapes, repas respectueux ou l'amour fraternel est respecté et la dignité de Dieu exaltée, lorsque la foule est haranguée pour entendre la félicité de ceux qui vont subir la passion, lorsque elle est avertie du jugement de Dieu qui les attend, alors les spectateurs sont saisis de stupéfaction et beaucoup parmi eux se mettent à croire.


17. De la prison à l'amphithéâtre, Perpétue, le visage serein, lumineux, le coeur joyeux, la démarche tranquille va passer de la sage-femme (elle vient d'accoucher d'un garçon) au rétiaire, (un gladiateur armé d'un filet, d'un trident et d'un poignard). Les acteurs de l'amphithéâtre refusent de porter les vêtements de Saturne ou de Cérès. Cela leur est accordé. Perpétue chante une hymne écrasant la tête de l'Egyptien (selon Gen 3, 15, le serpent ou Satan). Ses compagnons, par des signes font comprendre à Hilarianus qu'ils sont jugés par lui mais que Dieu le jugera. La foule est exaspéré par cette audace. Il ordonne de les battre de verges devant une rangée de gladiateur.


18. La promesse du Christ "Demandez et vous recevrez" (Jn 16, 24) devient réalité pour chacun des martyrs. Saturninus est attaqué par un léopard, puis par un ours. Saturus qui a horreur de l'ours se voit grâcié par lui. L'ours ne souhaite pas sortir de sa cage.

Ces deux femmes sont dénudées, et du lait coule encore des seins de Félicité, la foule en est horrifiée. Perpétue semble vivre une extase. La cruauté de la foule est vaincue par leur délicatesse et par l'amour et l'aide qu'accorde Perpétue à sa servante. On les ramène à la Porte de la Vie Sauve. Les dernières paroles que Perpétue adresse à son frère et à un catéchumène sont les suivantes : "Restez fermes dans la foi et aimez-vous tous les uns les autres et ne soyez pas scandalisés par ce que nous avons souffert"


19. Saturus prophétise sur l'issue de sa propre mort, une seule et unique morsure de léopard. La foule réclame de les voir au milieu de l'arène pour voir les glaives pénétrer dans les corps. Les martyrs s'y rassemblent d'eux-mêmes et ils s'embrassèrent les uns les autres pour conclure leur martyre par le rite de la paix. Ils reçoivent le coup de glaive, immobiles et en silence. Perpétue doit même aider le gladiateur novice pour que sa main assure son geste, tant l'esprit immonde la redoutait.


20. L'auteur de cette dernière partie exhorte ses lecteurs à prendre conscience que l'Esprit Saint agit aujourd'hui comme hier et que c'est toujours le même Esprit qui est à l'oeuvre, avec Dieu le Père tout puissant et son fils Jésus-Christ.

« Ils l'ont vaincu (Satan) à cause du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort. » (Ap 12, 11) Ainsi « Dieu réalise sans cesse ce qu'il a promis, témoignage pour les incroyants, bienfaits pour les croyants. » ( Passion de Perpétue et de Félicité suivi des Actes, Sources chrétiennes no 417, Les éditions du Cerf, Paris, 1996, chapitre I, 5, pages 102 à 105.)


21. Sur le site de Carthage, lieu de la mort de Sainte Perpétue et Sainte Félicité. Témoignage et récit d'une chrétienne qui connaît un récit plus tardif que celui que nous avons présenté. Vous pouvez cliquer sur la photo pour voir la vidéo.


https://www.youtube.com/watch?v=3Qy6c4G6u5s


Homélies de l’année 2019-2020

A

Dates

01 Novembre 2020-31ème dimanche