Homélies

Homélies

« Seigneur, je savais que tu es un homme dur. » (Mt 25, 24)

Plan

A. Texte biblique (Mt 25, 14-30)    

B. Homélie ou prédication : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur. » (Mt 25, 24)    

1. Jugement, accusation et mécontentement.    

2. Il n'a reçu qu'un seul talent...    

3. Tout patron se doit d'être juste.    

4. « Ne jugez point... » (Lc 6, 37)

5. « Trouver la couronne d'honneur dans le chemin de la justice.  »   (cf Pr 16, 31)

6. « J'ai appris à être content de l'état où je me trouve. » (Phil 4, 11)    


A. Texte biblique (Mt 25, 14-30)

« 14 C'est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. 15 À l'un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.

Aussitôt, 16 celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres 17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.

18 Mais celui qui n'en avait reçu qu'un alla creuser la terre et cacha l'argent de son maître.

19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.

20 Celui qui avait reçu cinq talents s'approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres.” 21 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

22 Celui qui avait reçu deux talents s'approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres.” 23 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

24 Celui qui avait reçu un seul talent s'approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. 25 J'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.”

26 Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu.

27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts.

28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.

29 À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l'abondance ; mais celui qui n'a rien se verra enlever même ce qu'il a.

30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” » (Mt 25, 14-30)


B. Homélie ou prédication : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur. » (Mt 25, 24)

1. Jugement, accusation et mécontentement.

Nous avons choisi d'aborder cette parabole des talents sous l'angle du jugement, de l'accusation et du mécontentement. Tous les trois ne sont qu'une seule chaîne à trois éléments, une seule chaîne à trois chaînons.

Il peut arriver que nous ressemblions à l'homme de la parabole qui n'a reçu qu'un seul talent. Nous posons un jugement inflexible sur des personnes. Nous sommes quelquefois trop prompts et remplis de préjugés dans nos affirmations. Comme l'ouvrier qui n'a reçu qu'un seul talent, il nous arrive de penser ou de dire à quelqu'un : « Je savais que tu es un homme dur » (Mt 25, 24) ou de formuler une autre accusation. Notre jugement est implacable.

Cet homme qui juge défavorablement son employeur ne voit aucune qualité chez lui. Il ne voit pas non plus qu'avec le talent reçu, il aurait pu gagner au moins le montant investi. Il aurait pu aller dans les campagnes acheter des figues chez des paysans, pour les revendre à la ville. Il aurait pu s'informer des prix de l'orge, acheter pour un talent d'orge au moment opportun et attendre que les prix montent pour revendre cette céréale. A cette époque, tout le monde sait qu'au moment de la moisson, le prix de l'orge est au plus bas et qu'ensuite il ne cesse d'augmenter. Cet ouvrier choisit de ne rien faire.

Quand son employeur revient, l'ouvrier se rebelle. Au lieu de regarder à sa propre inefficacité, il juge... il accuse son patron... il maugrée contre son employeur... Il enchaîne jugements, accusations et mécontentements.


2. Il n'a reçu qu'un seul talent...

L'homme de la parabole qui n'a reçu qu'un seul talent est un homme peureux qui craint son supérieur hiérarchique. Son employeur le connaît, il sait qu'il n'a pas des capacités aussi grandes que les deux autres. C'est à dessein qu'il ne lui a donné qu'un seul talent, parce que précisément il a donné « à chacun, selon ses capacités. » (Mt25,15)

Cet employé semble avoir déjà eu des démêlés avec son employeur. Il lui reproche d'être un profiteur, un margoulin, un exploiteur, presque un escroc. Il ose le juger comme un homme injuste. Il récrimine. Bref, il a peur de lui, son autorité le tétanise et semble l'empêcher de lui faire porter du fruit. Ecoutons ce qu'il lui dit en face: «Seigneur, je sais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.» (Mt25, 25-26)


3. Tout patron se doit d'être juste.

Dans cette parabole, ce patron n'est pas dépourvu de coeur. Ses attitudes prouvent un certain respect pour cet ouvrier-là. En tant que responsable, il le connaît comme angoissé, couard et oisif, peu productif. S'il ne lui a confié qu'un talent et non deux ou cinq, c'est que précisément, il savait que son ouvrier manifestait quelques difficultés de comportement, et que son travail était médiocre. Il s'était certainement déjà rendu compte que certaines attitudes de son ouvrier étaient affectées par le jugement, l'accusation et le mécontentement. Cependant, dans sa grande bonté, malgré ce qu'il a observé comme éléments négatifs chez lui, il conserve cet homme comme ouvrier, voulant sans doute le protéger et sachant que partout où irait cet homme, il créerait quelques difficultés à cause de ses protestations incessantes. Malgré toutes ces considérations, ce patron lui donne une chance de plus. Il lui confie un talent.


4.«Ne jugez point... » (Lc 6, 37)

L'homme de la parabole qui n'a reçu qu'un seul talent faitpartie de ceux qui, au lieu de mettre un peu d'huile dans les rouages relationnels, jette du sable jusqu'à ce que la machine se grippe, jusqu'à ce que les relations humaines s'enveniment pour devenir délétères.

Cependant, ce jour-là, il estime que son ouvrier a dépassé la limite de la justice : «Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l'abondance; mais celui qui n'a rien se verra enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents! » (Mt25,21-30)

Que s'est-il passé ?

Cet ouvrier impitoyable a pris l'habitude de juger... d'accuser... et d'exprimer son mécontentement... Il a préféré ne pas écouter l'enseignement de Jésus. «Ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez, et vous serez absous. » (Lc 6, 37)

Le chaînon du jugement entraîne l'accusation puis les mots du mécontentement fusent dans l'aigreur et la rébellion. Qu'advient-il alors de lui ? « Il est jeté dans les ténèbres extérieures; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents!” » (Mt25,30) En effet Dieu n'aime ni nos jugements de valeur sur autrui, ni nos accusations, ni l'expression de notre mécontentement incessant. Jésus nous avertit sévèrement avant qu'il ne soit trop tard. Du jugement de valeur qui ne laisse aucune chance à notre prochain, du jugement définitif et implacable qui ne laisse pas de place à sa conversion possible, ni à l'espoir d'un repentir ou d'un changement, de ce jugement-là, Dieu n'en veut pas. Ne posons aucune étiquette sur personne. N'enfermons pas notre prochain dans notre manière de voir. Abandonnons nos jugements pour croire au miracle d'un mieux être chez notre frère. Comme Dieu croit en nous, croyons en nos soeurs. Rien n'est impossible à Dieu, prions pour elle ou pour lui et nous verrons comment Dieu peut transformer notre prochain.


5. « Trouver la couronne d'honneur dans le chemin de la justice.» (Pr16,31)

« Les cheveux blancs sont une couronne d'honneur; C'est dans le chemin de la justice qu'on la trouve. » (Pr 16, 31)

Nous nous sommes réjouis de visiter une personne de quatre-vingt sept ans, réjouis aussi de quelques-unes de ses réflexions qui rejoignent celles de Saint Paul lorsqu'il dit : « Faites tout sans maugréer. » (cf Phil 2, 14)

Ecoutons ce que nous considérons comme un chemin de justice, écoutons celle dont les cheveux blancs sont une couronne d'honneur :

« Les mesures prises pour nous protéger du coronavirus ont donné des ailes à certaines personnes rebelles qui revendiquent et protestent au sujet des masques qu'elles ne voudraient point porter... Elles montent sur leurs grands chevaux, elles crient haro sur le baudet bien que chacune d'elles puisse dormir dans un lit chaud, et avoir son ventre plein.

C'est qu'elles n'ont jamais connu la disette...

Aujourd'hui plus de trente guerres sévissent dans le monde. Les masques sont certes désagréables, mais que dire des balles de fusil qui continuent à l'heure qu'il est, d'être dirigées contre les jeunes soldats ? Que dire de ces pères de famille, qui jour et nuit ont la peur au ventre, craignant que leur femme et leurs enfants ne tombent malades, faute de nourriture ou de médicaments, faute de soin ?

J'ai moi-même encore de nombreux souvenirs de la deuxième guerre mondiale. Voici l'un d'entre eux. Entre sept et douze ans, combien souvent, confinés des heures durant avec ma mère, mes frères et soeurs dans les caves humides et froides de la maison, affamés, la peur et les douleurs dans nos membres... condamnés à écouter le bourdonnement sourd des avions qui ne cessaient de lâcher leurs bombes sur notre ville... nous ne nous plaignions jamais.»


6. « J'ai appris à être content de l'état où je me trouve.» (Phil 4, 11)

« Nous ne nous plaignions jamais...» Saint Paul abonde dans son sens : « J'ai appris à être content de l'état où je me trouve. Je sais vivre dans l'humiliation, et je sais vivre dans l'abondance. En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie. » (Phil 4, 11-13)

Et dans la même épître Saint Paul nous dit encore : « Car c'est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l'action, selon son projet bienveillant. Faites tout sans maugréer ni discuter ; ainsi vous serez irréprochables et purs, vous qui êtes des enfants de Dieu sans tache au milieu d'une génération tortueuse et pervertie où vous brillez comme les astres dans l'univers, en tenant ferme la parole de vie. » (Phil 2, 13-16)




Homélies de l’année 2019-2020

A

Dates

15 Novembre 2020-33ème dimanche